3 Records en 1 semaine !
Mais où s'arrêtera Yvan Bourgnon ? Sept jours avoir battu le record SNSM le 31 juillet et le Brittany Ferries, le lendemain, le skipper suisse (Trimaran Brossard) s'est emparé de celui des 24 heures avec 610,4 milles. Un record longtemps détenu par... son frère Laurent (Vidéo à la fin du sujet).
Yvan, quand as-tu décidé de t'attaquer à ces trois records ?
C'est un heureux concours de circonstances. Battre trois records en neuf jours, c'est assez incroyable ! Je n'étais pas parti pour cela mais la météo m'a poussé à enchaîner le record SNSM et le Brittany Ferries. J'avais ensuite prévu de partir en qualifications pour la Route du Rhum. J'allais aux Iles Canaries pour cela. Je progressais assez rapidement vers sur le sud avec des conditions favorables. En arrivant à Lisbonne, je me suis rendu compte que la météo était quasi-parfaite pour un record. Mon météorologue, Jean-Luc, qui m'a confirmé qu'il fallait tenter le record des 24 heures.
Tu relégues le record d'Yves Parlier (587,4 milles) aux oubliettes...
C'est vrai que c'est une performance étonnante. J'étais vraiment parti pour un convoyage. J'avais de vieilles voiles et près de 700 kilos de matériel à bord. Ce n'était pas tout à fait une croisière mais une configuration d'entraînement pas de course. En voyant la fenêtre quasi-parfaite, je me suis dit qu'il fallait y aller, que cela ne coûtait rien de tenter le record.
Tu sembles toi-même surpris par ta performance ?
Très surpris. C'était ma première sortie en mer en solitaire sur ce bateau. Je navigue dessus que depuis l'année dernière. J'étais seul et j'avais dans l'idée d'aller doucement. Puis tout s'est accéléré. Je n'ai mis que deux jours pour rallier Lisbonne depuis Roscoff et une journée pour aller aux Açores. Du jamais vu !
Comment as-tu géré cette navigation sur 24 heures ?
J’ai eu de bonnes conditions les premières heures. La mer était calme cela glissait très vite à plus de 30 nœuds.
Pendant les douze premières heures j’ai attaqué comme un fou. J’étais toujours à plus de 30 nœuds. L’angle de vent n’était pas parfait. Il était un peu trop portant ce qui m’a obligé à barrer quasiment pendant les 24 heures. J’ai winché, bordé, choqué comme un fou. Je ne pouvais pas rêver meilleur entraînement pour le Rhum. C’était costaud ! Et comme il y avait de la mer, j’ai pris des tonnes d’eau sur la figure. Avec « Banque Populaire », ce Trimaran est le plus bas sur l’eau et on est très exposé. C'est ce que j'ai fait de plus dur dans ma vie de marin. C'est de l'adrénaline à fond avec 22 heures d'efforts sur 24.
Penses-tu déjà à l'améliorer ?
On verra plus tard. On va laisser les autres travailler dessus. Mais c'est vrai qu'il y a matière à : avec un bateau configuré pour et une météo parfaite. En tout cas cela donne confiance. Maitriser le bateau à une telle vitesse, en plus en étant seul...Je suis plus à l'aise. On ne maitrise jamais parfaitement un bateau. Déjà en équipage ce n'est pas chose aisée, alors seul. On joue souvent les équilibristes. Mais c'est très important de se sentir bien et de bien sentir le bateau. J'ai eu un apprentissage ultra rapide : c'est très positif.
Le record revient dans la famille...
C'est vrai. Laurent l'a gardé 10 ans, je crois. Ce record (ndlr : 540 milles courus en 24 heures) nous était cher. Il fallait faire quelque chose. C'est vraiment super. Pour ce record, tout le monde doit être à fond, le bateau comme l'homme. Personne ne dort pendant 24 heures. J'ai du prendre 300 000 tonnes d'eau dans la figure. A l'arrivée, j'avais un oeil borgne tellement j'avais de sel.
Parle nous des deux autres records établis au début du mois...
Ce sont des records intéressants. Je tenais particulièrement au record SNSM (Saint-Nazaire - Saint-Malo en équipage). Les gens de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer) sont des gens formidables qui m'avaient secouru pendant la Route du Rhum 1998. Cela me semblait plus que logique de tenter leur record (13h26'49). Il est difficile car il ne s'agit pas d'une ligne droite mais d'un parcours tout autour de la Bretagne. Réunir des conditions favorables durant tout le tour complet, c'est très particulier. Le record de vitesse du bateau (39 noeuds) a été battu en Manche sous une météo quasi exceptionnelle. C'était de la folie pure. Arrivés à Saint-Malo, on est reparti une heure à l'assaut du record Brittany Ferries (3h31'10). Nous avons établi une moyenne colossale de 29 noeuds. C'est énorme. Traverser la Manche en 3h30, plus vite que les Ferries, c'était extraordinaire.
La chasse aux records c’est une bonne méthode pour préparer le Rhum ?
Trois records en neuf jours, c’est vrai que cela sourit en ce moment. Au-delà des chiffres, cette navigation m’a beaucoup appris. C’était la première fois que je naviguais seul sur Brossard. On a pris 40 nœuds au Cap Finisterre, il s’est bien comporté. La difficulté est de maîtriser ces machines en solo à de hautes vitesses. J’étais vraiment heureux de le mener à ce rythme. J’ai eu des poussées d’adrénaline comme jamais. J’ai le sentiment d’avoir fait un grand pas en avant avec cette navigation Cela contribue effectivement à me mettre en confiance pour la Route du Rhum.
Quel est ton programme pour les jours et les semaines à venir ?
Je poursuis vers le Portugal puisqu'il faut que je coure 1500 milles pour me qualifier pour la Route du Rhum. Ensuite je remonte en solitaire à Lorient pour y mettre le bateau en chantier. Et je reprendrai en septembre pour de la solitaire de la préparation de bateau jusqu'au départ de la Route du Rhum.
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