Adrien Hardy : « Parfois je parle à mon bateau…»
Au terme de la première étape, Adrien possède 1h23 d’avance sur le Slovène Andraz Mihelin. Une avance confortable mais il reste tout de même près de 1300 milles pendant lesquels il peut se passer beaucoup de choses.
Initialement prévu mardi 15 août, le départ de la deuxième étape des « Sables-Les Açores-Les Sables » a finalement été reporté à 15h02 ce mercredi, en raison de mauvaises conditions météo. En attendant le départ, Adrien évoque son attirance, sa passion pour le solitaire : joies, angoisses… des sentiments divers mais toujours dans un même but : se dépasser !
Comment se décide-t-on un jour à partir en solitaire ?
On ne se décide pas du jour au lendemain de partir seul en mer. Pour moi, c’est une chose qui m’a toujours fait envie depuis tout petit, un peu comme un rêve qui m’est apparu de moins en moins loin au fil de ma progression en voile.
Mais les débuts n’ont pas été faciles car il faut faire le premier pas : oser ! Est-ce que ça va me plaire ? Comment faire pour dormir peu en mer alors que j’ai besoin de sommeil à terre ? On se pose plein de questions. Le solitaire au large reste quand même une discipline spéciale, ça reste l’aventure et la débrouille : il faut aimer ce côté-là.
Que ressens-tu en solitaire ?
Une grande satisfaction ! Surtout au moment de quitter le ponton car pour le départ d’une course, il y a toujours un travail énorme qui a été fourni en amont. C’est déjà un super moment d’être sur la ligne de départ. Etre seul en mer, c’est une grande bouffée d’oxygène, un sentiment de liberté indescriptible…
Qu’est-ce qui est le mieux ou le plus dur : l’avant, le pendant ou l’après d’une course en solitaire ?
Le mieux, c’est au bout de quelques jours en mer, quand tu ne fais plus qu’un avec le bateau. Il y a une confiance mutuelle qui s’installe entre le bateau et moi. Chaque mouvement, chaque bruit est perçu… Tous les sens sont en éveil 24h/24h. Et malgré la fatigue, les sensations sont incroyables : le silence, la glisse du bateau, le bruit de la mer… et surtout se dire que l’on ne peut vraiment que compter sur soi !
Le plus dur, c’est que justement, même pendant les moments difficiles tu ne peux compter que sur toi ! Nous n’avons généralement pas de lien avec la terre, personne à qui parler alors parfois, je parle à mon bateau pour me rassurer.
Sur une course comme « Les Sables-Les Açores-Les Sables », on a de grands moments de doute car nous n’avons pas les positions des autres Mini, on reçoit seulement le classement, enfin quand on le reçoit ! C’est dur de ne pas savoir, du coup je passe beaucoup de temps à cogiter sur leurs trajectoires éventuelles. Mais parfois on est agréablement surpris : à l’arrivée aux Açores, je savais que j’étais dans le peloton de tête mais je n’avais aucune idée de ma place exacte, en franchissant la ligne, je ne savais pas que j’étais premier !
Qu’est-ce qui est le plus important en solitaire ?
Toujours avoir un cran d’avance sur les conditions extérieures et sur les concurrents. Le plus important, c’est d’anticiper pour ne jamais être dans le « rouge » sur les manœuvres et risquer la casse. Jusque là ça a plutôt bien fonctionné !
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