J-25 avant la Route du Rhum
Le jour fatidique approchant à grands pas (NDLR : départ le 29 Octobre de St Malo pour Pointe-à-Pitre), nous avons décidé de vous en dire un peu plus sur les différents éléments faisant partie de la préparation et de la gestion de ce type de course.
Ainsi, durant les jours à venir, nous allons aborder différents thèmes tels que la météo, la nutrition, la préparation physique…Une manière pour vous de mieux comprendre la vie d’un skipper, mais aussi les raisons qui font que cette course est si mythique.
Vous retrouverez tous ces sujets dans la rubrique consacrée à la Route du Rhum (En haut à gauche => catégories => Route du Rhum). Cette rubrique est aussi votre rubrique, posez vos questions, Yvan répondra.
Pour commencer, nous allons développer en 3 parties le sujet du sommeil. Aujourd'hui nous vous proposons un point sur les bases du sommeil, puis suivra une interview du Dr Bertrand de la Giclais et pour finir celle d'Yvan Bourgnon.
Rappel général sur le fonctionnement du sommeil :
Les besoins en sommeil chez l’homme sont différents selon les individus. Une nuit de sommeil normale (7 à 8h) est constitué de 4 à 6 cycles de 70 à 100 min chacun. Chaque cycle est lui-même constitué de 5 stades de sommeil.
Le stade 1 est la transition entre l’éveil et le sommeil : période de somnolence avec ralentissement des activités cérébrales.
Le stade 2 (10 à 25 min) est une phase plus profonde qui permet la récupération psychique.
Les stades 3 et 4 (sommeil lent et profond de 40 à 80 min) entraînent une récupération musculaire.
Quant au stade 5, le niveau « paradoxal », il termine un cycle de sommeil et permet un stockage des connaissances en triant et mémorisant les évènements de la journée passée.
La gestion du sommeil fait aujourd’hui partie intégrante de la recherche de performance. Mais savoir apprivoiser son corps, apprendre à l’écouter, demande patience et persévérance. Et si certains navigateurs disent ne pas dormir pendant 72 heures d’affilée, les études prouvent que c’est impossible. Ils dorment sans s’en apercevoir et là est bien le danger.
Comment les marins organisent-ils leur sommeil ?
Et si les skippers retrouvaient leurs racines ancestrales ? Il semblerait que notre patrimoine génétique ait conservé l’organisation du sommeil de l’homme préhistorique. On suppose que les hommes de l’âge de pierre, menacés par les grands prédateurs, ne pouvaient demeurer inconscients 8h d’affilée et enchaînaient aussi des cycles courts de sommeil et de veille. Il se réveillait à la fin de chaque cycle, inspectait les alentours avant de se rendormir pour la durée d’un nouveau cycle.
Dormir par cycle unitaire est donc une prédisposition naturelle ancestrale que les coureurs au large, confrontés au danger (cargo, iceberg, changements de conditions météo), doivent savoir retrouver.
Selon les spécialistes, il serait conseillé de dormir par phase de 15 à 20 min. Les navigateurs rompus aux techniques de gestion de sommeil se contentent de 4h30 et parfois moins par tranche de 24h. Il a été prouvé que seuls le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal ont des fonctions réparatrices et à eux deux ils ne représentent que 45% du sommeil Tout l’art de gestion du sommeil en course réside dans la capacité à esquisser ces périodes inutiles. Les navigateurs doivent alors apprendre à reconnaître ces moments. Bâillements, léthargie, manque de concentration… Ces signes correspondent à des « portes d’entrée du sommeil » : ce sont des moments privilégiés qu’il faut détecter pour s’engouffrer dans le sommeil.
Mais entre le sommeil volontaire dans une position allongée et les sommeils flash à la barre, il est difficile de quantifier la durée totale du sommeil pour chacun.La meilleure prévention consiste à se ménager des périodes de sommeil régulières et aux bons moments. Cela permet aux skippers de garder une harmonie entre le besoin de pousser son organisme à l’extrême et un mental guidé par l’obsession de finir la course.
C’est donc un apprentissage permanent qui nécessite une bonne connaissance de soi. Chez les skippers, le sommeil fait partie intégrante de la performance parce qu’ils doivent dormir tout en restant dans la compétition. « En plus d’être de fins navigateurs, ils doivent être de fins de dormeurs… » résume parfaite ment le Dr Chauve.
Les conséquences d’un manque ou d’une mauvaise gestion du sommeil :
Si le manque de sommeil nuit aux performances physiques et psychiques, le refus de dormir forme un danger réel pour le marin : les réactions sont perturbées (mauvaises perceptions des bruits, manque d’équilibre et de vigilance), apparition d’hallucinations ou encore des endormissements soudain…
Ces phénomènes très dangereux correspondent à un début d’endormissement dans lequel se mélangent des pensées réelles et d’autres issues du subconscient. Ces troubles démontrent que le besoin de dormir est plus fort que les capacités mentales de résistance. Si ces hallucinations se prolongent par un sommeil non programmé, les conséquences peuvent mettre en péril le bateau et le skipper lui-même.
Ainsi, on assiste à des situations pour le moins cocasses mais surtout inquiétantes : par exemple, un coureur en solitaire a voulu passer la barre à son beau père pour aller chercher les croissants. Il s’est réveillé en mettant les pieds dans l’eau ! Les récits sont nombreux et bien heureusement, ils restent pour la plupart anecdotiques.
A suivre...
Une fois de plus, je remarque que j'ai perdu une bonne occasion de me taire. Mon manque d'attention reste toujours dû à mon état d'endormissement constant. Milles excuses! On se voit au départ du Rhum! Bisous à tous
Rédigé par: Clem | le 05/10/2006 à 15:48
Clémence...
Ta remarque est forte intéressante mais si tu avais lu avec plus d'attention ce texte ô combien instructif,tu aurais compris qu'il s'agissait là d'hallucination due au manque de sommeil...
Rédigé par: léa | le 05/10/2006 à 10:28
Comment un coureur en solitaire peut-il passer la barre a son beau père puisqu'il est censé être seul sur son bateau?
Rédigé par: Clem | le 04/10/2006 à 16:04